Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/215

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une impression personnelle, provenant d’un certain rayonnement intérieur que j’ai éprouvé en l’écrivant spontanément. Il se peut que ce soit une pure illusion, une fantaisie d’auteur et que la chose ne vaille pas deux sous. Je n’aurai ni surprise, ni dépit, ni chagrin si on me désabuse. Je recommencerai et tâcherai de mieux faire.

Voulez-vous mon avis tout désintéressé sur les correspondances du Temps ? Les lettres de Versailles sont excellentes et toujours à propos ; celles d’Espagne et d’Italie sont trop longues et trop fréquentes, bien que les pages d’Erdan aient du mérite et fassent bien connaître la situation, la couleur des choses, l’état des esprits. Mais il y a un peu trop de potins. Quant aux lettres d’Espagne, on voit un correspondant mal situé dans le monde, ramassant des propos d’auberge ou de carrefour qui n’ont point de portée, et disant longuement des choses dont on se soucie médiocrement. Quand un reporter n’est pas lancé dans les cercles où l’opinion s’élabore, il faut qu’il voie les faits extérieurs de tout près, au risque de se faire casser la gueule.

Sur ce, bonjour, cher ami ; voyez les jolies choses qu’Aristophane a dites sur les chauves.

Lolo vous embrasse. À bientôt.

G. SAND.