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DCCCLXXIII

À GUSTAVE FLAUBERT, À PARIS


Nohant, 25 octobre 1872.


Tes lettres tombent sur moi comme une pluie qui mouille, et fait pousser tout de suite ce qui est en germe dans le terrain ; elles me donnent l’envie de répondre à tes raisons, parce que tes raisons sont fortes et poussent à la réplique.

Je ne prétends pas que mes répliques soient fortes aussi : elles sont sincères, elles sortent de mes racines à moi, comme les plantes susdites. C’est pourquoi je viens d’écrire un feuilleton sur le sujet que tu soulèves, en m’adressant cette fois à une amie, laquelle m’écrit aussi dans ton sens, mais moins bien que toi, ça va sans dire, et un peu à un point de vue d’aristocratie intellectuelle, auquel elle n’a pas tous les droits voulus.

Mes racines, on n’extirpe pas cela en soi et je m’étonne que tu m’invites à en faire sortir des tulipes, quand elles ne peuvent te répondre que par des pommes de terre. Dès les premiers jours de mon éclosion intellectuelle, quand, m’instruisant toute seule auprès du lit de ma grand’mère paralytique, ou à travers champs, aux heures où je la confiais à Des-