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toujours les mêmes ! Ne nous plaignons pas, nous qui avons du moins le bonheur dans le nid. Mais comme le pauvre arbre est secoué !

Je vous embrasse tous, et toute la famille se joint à moi pour vous dire un bon an, bien tendre et dévoué.

G. SAND.


DCCCLXXXVIII

À MADEMOISELLE LEROYER DE CHANTEPIE,
À ANGERS


Nohant, 4 janvier 1873.


Il ne faut pas que cette année qui commence vous emporte, comme vous le redoutez. Non, les âmes aimantes survivent à tout et supportent tout ; elles achèvent sur la terre l’existence de leurs amis partis avant elles ; elles les y font vivre encore dans leur culte et dans leurs souvenirs. Ne devançons point l’heure où il plaira à Dieu de nous réunir à ce que nous avons aimé ; et alors nous laisserons, nous aussi, quelque chose de nous dans les cœurs qui nous auront été dévoués. On ne meurt pas tout entier sur la terre et pourtant on vit plus pleinement ailleurs. Il n’y a ni vengeances ni supplices, il n’y a que justice et bonté dans le sein de Dieu, où nous existerons éter-