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DCCCXCII

À M. CHARLES-EDMOND, À PARIS


Nohant, 28 mars 1873.


Certainement, cher ami, nous avons tous travaillé à ce pauvre petit envoi, qui n’a pas d’autre mérite que d’avoir employé tout l’argent de ces demoiselles. Vous voyez que la fortune n’était pas grosse. Mais c’est bien volontairement et sans l’invitation de personne qu’elles se sont joyeusement exécutées. Il y avait si longtemps qu’elles tourmentaient pour aller à la ville faire cette fameuse emplette, et la petite y a été d’aussi bon cœur que la grande ; car votre Loulou l’intéresse aussi, et l’instinct maternel de ces jeunes êtres — je ne dis pas des nôtres seulement, mais de la plupart des petites filles, — est une chose touchante ; d’autant plus touchante, que c’est la large projection d’une loi de la nature. Ce n’est pas parce que Loulou été à l’hospice qu’elle fait la sœur infirmière. Je n’entends autour de moi qu’histoires d’enfants malades, et je ne vois que poupées couchées avec des cataplasmes sur le ventre, ou des compresses sur la tête. Le chapitre des bains et des clystères inonde ma chambre, et on y met une sollicitude, une agitation comme si on croyait réellement leur sauver la vie. Je suis sûre que, si un véritable