Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/83

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nommer des députés qui ne veuillent ni la paix a tout prix, ni la guerre à tout prix.

Il y a un parti en province pour cette dernière solution ; je ne sais pas si elle est patriotique, mais elle est inhumaine et la majorité la repousse. On ne fait rien de solide contre la majorité ! Dites à Jules Favre de venir s’occuper de nous. Il a fait son devoir à Paris. Il a été humain après avoir été citoyen.

À Bordeaux, quelqu’un se permet de le blâmer, de l’accuser de légèreté coupable. C’est ce quelqu’un-là qui nous a empêchés de nous relever, par ses maladresses et ses accès de délire. Cette dictature d’écolier nous a perdus. La France n’était pas disposée à l’accepter, et ceux qui voulaient l’accepter, à commencer par moi, en ont été empêchés par ses fautes sans nombre et l’indélicatesse de ses boutades.

Envoyez-nous un homme sage et humain ; ne jetez pas la France dans cette rage de combats dont l’issue est l’étouffement de la civilisation des deux races. Notre honneur est sauf à présent : nous avons tout souffert, tout accepté, tout subi sans nous plaindre, Paris a bien mérité de la patrie et de l’humanité. Soyez sûrs que tout ce qu’il y a de juste et de bon en Europe nous rendra son estime. Parlez à Jules Favre, vous savez que je ne l’aimais pas beaucoup, j’avais tort. Je trouve sa conduite et sa parole admirables. Lui seul peut calmer les esprits. Qu’il vienne, qu’il parle, qu’il persuade, qu’il rende la République respectable comme Paris ; qu’il ne croie pas à ce qu’on