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Scène III

ALVISE, ORDONIO.
ALVISE, pendant qu’Ordonio remet précipitamment son épée sur la table.

Vous êtes aussi difficile à aborder qu’un prince !

ORDONIO.

Que ne vous nommiez-vous, Alvise ? Je ne vous aurais pas fait attendre. Vous savez, on est chez soi, on travaille, on s’enferme…

ALVISE.

Oui, sans doute… On travaille, on sert l’État ou le prince ;… on est puissant !… on est rare !…

ORDONIO.

Il est vrai que, depuis bien des jours, je n’ai pu aller chez vous ! (À part.) Le bonhomme se déciderait-il enfin à être jaloux ?

ALVISE.

Êtes-vous disposé à me prêter un peu d’attention ?

ORDONIO.

Je suis à vos ordres.

Il lui montre un siège, et s’assied de l’autre côté de la table.
ALVISE.

Vous m’avez sauvé la vie. L’honneur vous prescrivait de ne pas me laisser condamner, quand vous étiez la preuve vivante de mon innocence, et que vous n’aviez qu’à vous montrer pour la proclamer.

ORDONIO.

Je ne prétendis jamais à aucune gratitude de votre part.

ALVISE.

Mais, moi, je me fis un devoir d’être reconnaissant ; car il y a manière de faire les choses, et vous fûtes, en cette occasion, animé d’un zèle qui vous gagna mon estime et celle de ma famille.