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le colonel est-il assis que le carrosse paternel arrive grand train. La dame, effrayée, pousse le jeune homme dans son cabinet de toilette et le cache sous un monceau de robes et de chiffons. Le duc entre en fureur l’épée au poing, ouvre toutes les portes, pénètre dans le cabinet, perce à plusieurs reprises le tas de chiffons. Le colonel effleuré ne bouge pas. Le duc croit qu’on l’a trompé, demande pardon à sa maîtresse et se retire. Cerson était aux aguets. Il voit, quelques moments après, sortir le colonel, et de nouveau avertit son maître, qui court chez le roi et obtient pour monsieur son fils une lettre de cachet.

Rentré chez lui, il mande le colonel et lui dit :

— Je me suis trompé, m’sieur, en vous faisant militaire. Ça ne vous convient pas. Demain, vous entrez au séminaire.

— Prêtre, moi ? jamais !

— Vous ! je le veux.

— Ce sera un sacrilège, je n’ai pas la vocation.

— Vous l’aurez, sinon la Bastille à tout jamais. Savez-vous lire ?

Il lui montre la lettre royale.

— Mon prince, reprend le colonel, mon corps