Page:Sand - Flamarande.djvu/143

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nale, était peu fréquentée ; nous n’avions, durant les deux dernières heures, rencontré qu’un muletier.

La nuit tombait, et mon automédon me questionnait sur le but de mon voyage. J’allais lui répondre quand je vis entrer le muletier, que nous avions devancé et dont la figure ne m’avait pas frappé.

— Ah ! voilà Yvoine ! s’écria notre hôte ; sois le bienvenu, mon vieux, et assieds-toi là. Où donc vas-tu aujourd’hui ?

Ce nom d’Yvoine réveilla mes souvenirs. C’était le montagnard que nous avions rencontré portant le bagage de M. de Salcède le jour où je le vis pour la première fois revenant à pied de Flamarande. Il avait rebroussé chemin avec nous, et avait accompagné le lendemain M. le comte à la chasse. Depuis il était venu à Montesparre apporter des plantes de montagne à Salcède, et se mettre à ses ordres pour de nouvelles excursions que Salcède, enchaîné par l’amour, avait toujours différées. Je connaissais donc très-bien Ambroise Yvoine, un brave homme faisant tous les petits métiers de la plaine à la montagne. Il me sembla qu’il me regardait avec attention, et je me sentis très-inquiet ; mais, après quelque hésitation, il me parut absolument trompé par l’arrangement de ma figure, de ma voix et de mes manières. Il répondit à ses hôtes qu’il allait à la foire de Salers vendre trois mulets, et il demanda le gîte