Page:Sand - Flamarande.djvu/322

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— Vous avez compris, me dit-elle avec feu. Je pensais à l’autre, à celui que vous aviez adopté alors que son père le repoussait et que sa mère désespérait de le retrouver. Charles, vous l’aimiez, je le sais ; pourquoi l’avez-vous abandonné ?

— Je l’ai abandonné, répondis-je, le jour où j’ai su qu’on vous l’avait rendu.

— Rendu !… Hélas ! je l’ai revu pour le quitter aussitôt, et je ne puis le voir que rarement et en secret. Vous savez bien cela, puisque vous avez deviné…

— Je n’ai pas deviné, madame, je sais…, je sais tout. Votre fils n’a plus besoin de moi.

— Vous savez tout !… Et M. le comte ?

— Il ne sait rien.

— Vous me le jurez sur l’honneur ?

— Et sur la tête de Roger.

— Je vous crois, Charles, oh ! je vous crois ! J’espérais que M. de Flamarande se doutait de la vérité et que je devais quelque chose à sa tolérance. Il persiste donc à m’accuser, car, pour agir comme il l’a fait, il faut qu’il m’outrage dans sa pensée. Je sais bien que cela est. Il me l’a assez fait entendre sans jamais me permettre de protester. Voyons,… le moment est venu, vous seul pouvez me dire la vérité, je veux la savoir. Suis-je accusée d’avoir cédé à la violence ou à la séduction ?

Elle parlait avec une assurance de fermeté qui