Page:Sand - Flamarande.djvu/331

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développée. J’étais plus à même qu’autrefois d’en juger, j’avais travaillé aussi.

C’était en somme une personne étrange à force de sembler parfaite. Elle était aimée de tous ceux qui l’approchaient un instant, et ceux qui vivaient auprès d’elle en étaient à l’adoration. Il fallait bien subir le charme de cette bonté pleine de naturel et de cette suave douceur. Je ne m’en défendis plus lorsque à la longue je vis que mon attachement ne me créait aucun engagement contraire à mes résolutions, et peu à peu je me sentis renaître dans cette vie nouvelle, qui était pour moi comme une réhabilitation après les choses humiliantes que j’avais cru devoir m’imposer. Mon antipathie pour la femme coupable s’effaça comme un mauvais rêve. Était-il possible d’exiger d’elle une réparation plus soutenue, une soumission plus héroïque à la volonté de son mari, un dévouement plus absolu au fils légitime, moins de trames ourdies contre son avenir, un sacrifice plus immense de son amour, passionné pourtant, pour l’autre enfant de son cœur ?

En tout temps, je la plaignais, mais il y en avait où j’étais forcé de l’admirer. J’avais besoin de me rappeler qu’elle avait pour consolation d’écrire à Salcède : Veille sur notre enfant ! Je ne pouvais non plus me défendre d’une profonde reconnaissance pour la nouvelle existence qu’elle me créait ainsi sans conditions, et comme pour le seul plaisir de