Page:Sand - Flavie, 1875.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mots, mais dans la tournure originale de sa pensée.

Comme mon silence devenait affecté, j’y renonçai le jour suivant. Que m’importait, après tout, que ce sage de l’antiquité devînt amoureux de moi ? C’est son affaire, il me semble, et, s’il s’oublie jusqu’à me le faire trop comprendre, il sera toujours temps de le remettre à sa place. Il a trop d’esprit pour ne pas entendre à demi-mot qu’il ne peut être pour moi que ce qu’il est, un savant : c’est tout dire.

Je me remis donc à causer comme si de rien n’était. Mon père m’en félicita.

— Vous ne nous avez dit mot hier, ma chère fille ; étiez-vous souffrante ?

Je n’osai pas dire que non. Je l’aurais dû pourtant. En mettant mon mutisme sur le compte d’une migraine, je détruisais tout le bon effet que j’avais pu en obtenir.

— À la bonne heure ! reprit mon père ; je craignais que vous ne fussiez mécontente de nous.