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II

De la naissance et du libre arbitre. — Frédéric-Auguste. — Aurore de Kœnigsmark. — Maurice de Saxe. — Aurore de Saxe. — Le comte de Horn. — Mesdemoiselles Verrières et les beaux esprits du dix-huitième siècle. — M. Dupin de Francueil. — Madame Dupin de Chenonceaux. — L’abbé de Saint-Pierre.


Donc, le sang des rois se trouva mêlé dans mes veines au sang des pauvres et des petits ; et comme ce qu’on appelle la fatalité, c’est le caractère de l’individu ; comme le caractère de l’individu, c’est son organisation ; comme l’organisation de chacun de nous est le résultat d’un mélange ou d’une parité de races, et la continuation, toujours modifiée, d’une suite de types s’enchaînant les uns aux autres ; j’en ai toujours conclu que l’hérédité naturelle, celle du corps et de l’âme, établissait une solidarité assez importante entre chacun de nous et chacun de ses ancêtres.

Car nous avons tous des ancêtres, grands et petits, plébéiens et patriciens ; ancêtres signifie patres, c’est-à-dire une suite de pères, car le mot n’a point de singulier. Il est plaisant que la noblesse ait accaparé ce mot à son profit, comme si l’artisan et le paysan n’avaient pas une lignée de pères derrière eux, comme si on ne pouvait porter le titre sacré de père à moins d’avoir un blason, comme si enfin les pères légitimes se trouvaient moins rares dans une classe que dans l’autre.

Ce que je pense de la noblesse de race, je l’ai écrit dans le Piccinino, et je n’ai peut-être fait ce roman que pour