Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/174

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désolent. Mais il n’y a pas de quoi, je t’assure ; je vais endosser le dolman vert, prendre le grand sabre et laisser croître mes moustaches. Te voilà mère d’un défenseur de la patrie, et ayant droit au milliard. C’est un profit tout clair. Allons, ma bonne mère, ne t’afflige pas. Tu me reverras bientôt. »


LETTRE III.
« 7 vendémiaire an VII (septembre 98).

« Je suis volontaire. J’ai le grand sabre, la toque rouge et le dolman vert. Quant à mes moustaches, elles ne sont pas encore aussi longues que je pourrais le désirer : mais cela viendra. Déjà on tremble à mon aspect, du moins je l’espère. Allons, ma chère bonne mère, ne t’afflige pas.

« Je suis soldat ; mais le maréchal de Saxe n’a-t-il pas servi volontairement dans ce poste pendant deux ans ? Toi-même tu reconnaissais que j’étais en âge de chercher un état. Je tergiversais sur le choix, parce que tu craignais trop la guerre. Mais, au fond, je désirais être forcé par les circonstances de suivre mes inclinations.

Le fait est arrivé. Je serais heureux de cela sans la douleur de te quitter et sans tes inquiétudes qui me déchirent ; mais je t’assure, ma bonne mère, que là où je vais, on ne se bat pas, et que j’aurai souvent des congés pour te voir. Allons, ton chasseur t’embrasse de toute son