Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

hommes ne sont pas mauvais au fond, car la corvée était rude et cependant mes pauvres camarades se laissèrent persuader. Enfin, nous arrivons et nous mettons ce malheureux en un lieu où il pouvait avoir des secours.

Je le recommande moi-même, et je m’en retourne avec mes trois chasseurs, plus joyeux cent fois, l’ame plus satisfaite que si je sortais du plus beau bal ou du plus excellent concert. J’arrive, je m’étends sur mon manteau devant le feu, et je dors paisiblement jusqu’au jour.

« Le surlendemain, nous fûmes à Glaris, où était l’ennemi. Le général Molitor, commandant cette attaque, demanda un homme intelligent dans la compagnie. Je lui fus envoyé. Il alla le soir reconnaître la position de l’ennemi, et je l’accompagnai. Le lendemain, nous attaquâmes et nous chassâmes l’ennemi de la ville. Je fis, pendant l’affaire, le service d’aide-de-camp du général, ce qui m’amusa énormément. Je portais presque tous ses ordres aux différens corps qu’il commandait. L’ennemi, dans une retraite de quatre lieues, brûla tous les ponts de la Linth. Deux jours après, comme il s’avançait en force sur notre droite, le général Molitor m’envoya à Zurich porter au général Masséna une lettre dans laquelle il lui demandait probablement des forces. Je voyageais par la correspondance. Il y a vingt grandes lieues de Glaris à Zurich. Je les fis en neuf heures. Le