Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/241

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Tu as de l’énergie, du courage, de la vertu. Tu n’as rien à réparer, point de parens suspects. Tes premiers pas sont pour la chose publique ; la route est tracée. Parcours-la, mon fils : moissonne des lauriers, apporte-les à Nohant ; je les poserai sur mon cœur, je les arroserai de mes larmes. Elles ne seront pas si amères que celles que j’ai versées depuis quinze jours !

« Au mois de janvier, dis-tu, je pourrai te serrer dans mes bras. Dieu ! c’est dans deux mois ! Je ne le puis croire, mais j’en vais faire l’unique objet de ma sollicitude. Je suis en force, trois batailles ! Je vais parler très haut. Tout le monde va savoir que tu as vu l’ennemi et que tu l’as vaincu. On t’adorera à La Châtre. Tout le monde y partageait ma consternation, et c’était une joie publique quand on a vu ton paquet : Saint-Jean le portait en triomphe et on l’arrêtait dans les rues. Tu balançais Bonaparte… à La Châtre !

« Tu as donc lu ma lettre au bord d’un beau lac suisse, et elle venait, dis-tu, compléter l’éclat du plus beau jour de ta vie ? Aimable enfant !

Combien mon cœur te sait gré de cette douce sensibilité ! Combien tu m’es cher et combien je t’envie cet instant de félicité que je n’ai pu partager avec toi. Quel bonheur de te voir, dans cette situation, tout entier à ta mère et à tes tendres souvenirs ! Que j’ai bien raison de t’aimer uniquement et d’avoir mis en toi tout le