Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dre à la vallée d’Aoste, en Piémont. Je marchai pendant dix lieues, faisant porter mes bagages par des mules. Arrivé à Aoste, je courus au palais du consul pour voir Leclerc ; la première personne que j’y rencontrai, ce fut Bonaparte. Je fus à lui pour le remercier de ma nomination. Il interrompit brusquement mon compliment pour me demander qui j’étais. — Le petit-fils du maréchal de Saxe. — Ah oui ! ah bon ! Dans quel régiment êtes-vous ? — 1er de chasseurs. — Ah bien ! mais il n’est pas ici. Vous êtes donc adjoint à l’état-major ? — Oui, général. — C’est bien, tant mieux, je suis bien aise de vous voir. Et il me tourna le dos. Avoue que j’ai toujours de la chance, et que, quand on l’aurait fait exprès, on n’aurait pas fait mieux. Je suis d’emblée adjoint à l’état-major, et de l’aveu de Bonaparte, sans attendre ces fameux mortels trois mois. Pour que les lettres me parviennent sûrement, adresse-les au citoyen Dupin, adjoint à l’état-major général de l’armée de réserve, au quartier général, sans désignation de lien. On fera suivre.

« Ce fort que nous avons en avant de nous, le fort de Bard, nous empêchait de passer en Italie, mais on a pris la résolution de le tourner, de manière que le quartier général ira s’établir demain à Ivrée. J’en suis fort aise, car ici nous sommes réduits à une demi-portion de nourriture, et mon diable d’estomac ne veut pas se