Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/268

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sur la paille. Je t’embrasse de toute mon ame. À Milan, où nous allons ces jours-ci, je t’en dirai plus long et j’écrirai à mon oncle de Beaumont. » LETTRE III.

« Au citoyen Beaumont, à l’hôtel de Bouillon, quai Malaquais, Paris. « Turin, le.. messidor an VIII (juin ou juillet 1800).

« Pim, pan, pouf, patatra ! en avant ! sonne la charge ! En retraite ! en batterie ! Nous sommes perdus ! Victoire ! Sauve qui peut ! Courez à droite, à gauche, au milieu ! Revenez, restez, partez, dépêchons-nous !

Gare l’obus ! au galop ! Baisse la tête, voilà un boulet qui ricoche….

Des morts, des blessés, des jambes de moins, des bras emportés, des prisonniers, des bagages, des chevaux, des mulets, des cris de rage, des cris de victoire, des cris de douleur, une poussière du diable, une chaleur d’enfer, des f…, des b…, des m…, un charivari, une confusion, une bagarre magnifique. Voilà, mon bon et aimable oncle, en deux mots, l’aperçu clair et net de la bataille de Marengo, dont votre neveu est revenu très bien portant, après avoir été culbuté, lui et son cheval, par le passage d’un boulet, et avoir été régalé, pendant quinze heures, par les Autrichiens, du feu de trente pièces de canon, de vingt obusiers et de trente mille fusils. Cependant, tout n’est pas si brutal, car le général