Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/289

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d’un brevet d’aide-de-camp, d’un plumet jaune et d’une belle écharpe rouge à franges d’or.

« Ainsi, me voilà aide-de-camp du lieutenant-général Dupont, et c’est ainsi qu’il faut me qualifier sur l’adresse de tes lettres, pour qu’elles me parviennent plus vite. Le nouveau règlement lui accorde trois aides-de-camp. Me voilà enfin dans un poste charmant, considéré, estimé, aimé… Oui ! aimé, d’une bien aimable et bien charmante femme, et il ne me manque, pour être parfaitement heureux ici, que ta présence… Il est vrai que c’est beaucoup !

« Tu sauras donc que, comme la lieutenance Dupont et la division Watrin sont réunies ici, nous formons tous les soirs des réunions dans lesquelles Mme Watrin, éclatante de jeunesse et de beauté, brille comme une étoile. Pourtant ce n’est pas elle ! Une étoile d’un feu plus doux luit pour moi.

« Tu sais qu’à Milan j’ai été amoureux. Tu l’as deviné parce que je ne te l’ai pas dit. Je croyais parfois être aimé, et puis, je voyais ou je croyais voir que je ne l’étais pas. Je cherchais à m’étourdir, je partis, n’y voulant plus songer.

« Cette femme charmante est ici, et nous nous parlions peu ; nous nous regardions à peine. J’avais comme du dépit, quoique ce ne soit guère dans ma nature. Elle me montrait de la fierté, quoiqu’elle ait le cœur tendre et passionné. Ce matin, pendant le déjeuner, on entendit tirer au