Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/30

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cet égard des éducations merveilleuses ; mais les oiseaux sont les seuls êtres de la création sur lesquels j’aie jamais exercé une puissance fascinatrice, et s’il y a de la fatuité à s’en vanter, c’est à eux que j’en demande pardon.

Je tiens ce don de ma mère, qui l’avait encore plus que moi, et qui marchait toujours dans notre jardin accompagnée de pierrots effrontés, de fauvettes agiles et de pinsons babillards, vivant sur les arbres en pleine liberté, mais venant becqueter avec confiance les mains qui les avaient nourris. Je gagerais bien qu’elle tenait cette influence de son père, et que celui-ci ne s’était point fait oiselier par un simple hasard de situation, mais par une tendance naturelle à se rapprocher des êtres avec lesquels l’instinct l’avait mis en relation. Personne n’a refusé à Martin, à Carter et à Van Amburgh une puissance particulière sur l’instinct des animaux féroces. J’espère qu’on ne me contestera pas trop mon savoir-faire et mon savoir-vivre avec les bipèdes emplumés qui jouaient peut-être un rôle fatal dans mes existences antérieures.

Plaisanterie à part, il est certain que chacun de nous a une prévention marquée, quelquefois même violente, pour ou contre certains animaux. Le chien joue un rôle exorbitant dans la vie de l’homme, et il y a bien là quelque mystère qu’on n’a pas sondé entièrement. J’ai eu une servante qui avait la passion des cochons, et qui s’évanouissait