Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/308

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que je pense quand mon général et mes amis me disent qu’ils sont contens et fiers de moi.

« Je voulais t’aller embrasser tout de suite, mais Beaumont me dit que tu vas venir et Pernon t’a trouvé un autre logement rue Ville-l’Evêque. Pons dit que l’état de tes finances te permet d’arriver. Arrive donc vite, bonne mère, ou je cours te chercher. Le général veut pourtant me retenir pour me présenter à toutes nos grandeurs. Je ne sais à qui entendre. Si tu pouvais venir de suite, affaires et bonheur iraient de compagnie. Réponds-moi donc aussitôt ou je pars. Qu’il est doux le moment où l’on retrouve tout ce qui vous est cher, sa mère, sa patrie, ses amis ! On ne saurait croire comme j’aime ma patrie ! Comme on sent le prix de la liberté quand on l’a perdue, on sent de même l’amour de la patrie quand on en a été éloigné. Tous ces gens de Paris n’entendent rien à un tel langage ; ils ne connaissent que l’amour de la vie et de l’argent. Moi, je ne connais le prix de la vie qu’à cause de toi. J’ai vu déjà tant de gens tomber à mes côtés sans presque m’en apercevoir que je regarde ce changement de la vie à la mort comme très peu de chose en soi-même.

Enfin, je l’ai conservée malgré le peu de soin que j’en ai pris, cette vie que je veux te consacrer entièrement, quand j’aurai encore donné quelques années au service de la France.

« Je vais voir le logement que Pernon t’a