Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/373

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rare capacité, que je ne puis les transcrire sans blesser beaucoup d’individualités, et ce n’est pas mon but.

Mon père n’obtint rien et sa mère eût désiré en ce moment qu’il renonçât au service. Mais la voix de l’impitoyable honneur lui défendait de se retirer quand la guerre était sinon imminente, du moins probable. Il passa auprès d’elle les premiers mois de l’an XII (les derniers de 1803), et le projet de descente en Angleterre devenant de jour en jour plus sérieux, comme on croit facilement à ce qu’on désire, Maurice espéra conquérir l’Angleterre et entrer à Londres comme il était entré à Florence.

Il alla donc rejoindre Dupont aux premiers jours de frimaire, et quitta Paris en écrivant à sa mère, comme de coutume, qu’il n’y avait pas de danger, et que la guerre ne se ferait pas. « Je te prie de ne pas t’inquiéter de mon voyage sur les côtes, je n’y emploierai probablement pas d’autre arme que la lunette. » Il en fut ainsi, en effet, mais on sait comment Napoléon dut renoncer à un projet qui avait coûté tant d’argent, tant de science et de temps.

LETTRE I.

« Du camp d’Ostrohow, 30 frimaire an XII (octobre 1803).

« Me voilà encore une fois t’écrivant dans une ferme ou espèce de fief que j’ai érigé en