Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/398

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resté moi-même. Si l’on avait fait la guerre plus longtemps, je crois que j’aurais conquis mes grades. Mais depuis qu’il faut les conquérir dans les antichambres, j’avoue que je n’ai pas, sous ce rapport-là, de brillantes campagnes à faire valoir. Tu me reproches de ne te jamais parler de mon intérieur. C’est toi qui ne l’as jamais voulu ! Est-ce possible, quand, au premier mot, tu m’accuses d’être un mauvais fils !

Je suis forcé de me taire, car je n’ai à te faire qu’une réponse dont tu ne te contentes pas, c’est que je t’aime et que je n’aime personne plus que toi. — N’est-ce pas toi qui as été toujours contraire à mon désir de quitter Dupont et de rentrer dans la ligne ? À présent tu reconnais que je suis dans un cul-de-sac, mais il est trop tard. Il faut maintenant obtenir cela comme une faveur spéciale de Sa Majesté. La faveur et moi ne faisons guère route ensemble. » Il retourna à Nohant et y passa encore six semaines sans que le fatal aveu pût passer de son cœur à ses lèvres. Mais son secret fut deviné ; car, vers la fin de brumaire an XIII (novembre 1804), en même temps qu’il revenait à Paris, sa mère écrivait au maire du cinquième arrondissement : « Une mère, monsieur, n’aura pas, sans doute, besoin de justifier auprès de vous le titre avec