Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/423

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Quelque temps se passa encore, cependant, avant que ma grand’mère consentit à voir sa belle-fille. Mais déjà le bruit se répandait que son fils avait fait un mariage disproportionné, et le refus qu’elle faisait de la recevoir devait nécessairement amener des inductions fâcheuses contre ma mère, contre mon père, par conséquent. Ma bonne maman fut effrayée du tort que sa répugnance pouvait faire à son fils.

Elle reçut la tremblante Sophie, qui la désarma par sa soumission naïve et ses tendres caresses. Le mariage religieux fut célébré sous les yeux de ma grand’mère, après quoi un repas de famille scella officiellement l’adoption de ma mère et la mienne.

Je dirai plus tard, en consultant mes propres souvenirs qui ne peuvent me tromper, l’impression que ces deux femmes, si différentes d’habitudes et d’opinions, produisait l’une sur l’autre. Il me suffira de dire, quant à présent, que, de part et d’autre, les procédés furent excellens ; que les doux noms de mère et de fille furent échangés, et que si le mariage de mon père fit un petit scandale entre les personnes d’un entourage intime assez restreint, le monde que mon père fréquentait ne s’en occupa nullement et accueillit ma mère sans lui demander compte de ses aïeux ou de sa fortune ; mais elle n’aima jamais le monde, et ne fut présentée à la cour de Murat que contrainte et forcée, pour ainsi dire,