Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/437

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« Adieu, chère amie, j’espère te serrer bientôt dans mes bras. Mille baisers pour toi et pour mon Aurore. » Cet on dit sur une nouvelle marche en Hongrie aboutit à la bataille d’Austerlitz, le 4 décembre 1805. J’ignore si mon père y assista. Bien que plusieurs personnes me l’aient affirmé et que son article nécrologique l’atteste, je ne le crois pas, car la division Dupont, exténuée par les prodiges d’Haslach et de Diestern, dut rester à Vienne pour se refaire, et le nom de Dupont ne se trouve dans aucune des relations que j’ai lues de la bataille d’Austerlitz.

Disons en passant un mot sur Dupont, ce général si coupable ou si malheureux en Espagne, à Baylen, et si honteusement récompensé par la Restauration d’avoir été un des premiers à trahir la gloire de l’armée française dans la personne de l’Empereur. Il est certain que, dans la campagne que nous venons d’esquisser, il se montra grand homme de guerre. On a vu que mon père le jugeait légèrement en temps de paix, mais sérieusement ailleurs. L’empereur avait-il une méfiance, une prévention secrète contre Dupont ? Il devait en être ainsi, ou bien Dupont aimait à jouer le rôle de mécontent. Il est bien certain que les plaintes de mon père, dans la lettre qu’on vient de lire, sont inspirées par un sentiment collectif. Il n’était pas, quant à lui, un personnage