Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/439

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exprimer un doute dédaigneux sur la récompense qui l’attend. Chacun, sous l’Empire, songe à soi. Sous la République, c’était à qui s’oublierait.

Quoi qu’il en soit, la disgrace apparente dont la carrière de mon père semblait être frappé depuis le passage Mincio, cessa avec la campagne de 1805. Il obtint enfin de passer dans la ligne, et fut nommé capitaine du 1er hussards le 30 frimaire an XIV (20 décembre 1805)[1]. Il revint à Paris, puis, nous emmena, ma mère, Caroline et moi, à son régiment, qui était en garnison je ne sais où. Lorsqu’il répartit pour la campagne de 1806, il écrivait à sa femme à Tongres, au dépôt, chez le quartier-maître du régiment. Probablement, il fit un voyage à Nohant dans l’intervalle, mais je ne retrouve son histoire que dans les quelques lettres qui vont suivre :

« Primlingen, 2 octobre 1806.

« Depuis Mayence, nous avons été tellement errans, que je n’ai pu trouver un moment pour te donner de mes nouvelles. D’abord, je t’aime avec idolâtrie. Ceci n’est pas nouveau pour toi, mais c’est ce que je suis le plus pressé de te dire. Ah ! que je suis déjà las d’être loin de toi : je jure bien que cette campagne-ci finie, quoi qu’il arrive, je ne te quitterai plus.

  1. Il obtint aussi la croix de la Légion-d’honneur à cette époque.