Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/473

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ces plaisantes compositions. Ma mère m’en a parlé mille fois et longtemps avant que j’eusse la pensée d’écrire. Elle les déclarait souverainement ennuyeuses, à cause de leur longueur et du développement que je donnais aux digressions. C’est un défaut que j’ai bien conservé, à ce qu’on dit, car pour moi, j’avoue que je me rends peu de compte de ce que je fais, et que j’ai aujourd’hui, tout comme à quatre ans, un laisser aller invincible dans ce genre de création.

Il paraît que mes histoires étaient une sorte de pastiche de tout ce dont ma petite cervelle était obsédée. Il y avait toujours un canevas dans le goût des contes de fées, et, pour personnages principaux, une bonne fée, un bon prince et une belle princesse. Il y avait peu de méchans êtres, et jamais de grands malheurs. Tout s’arrangeait sous l’influence d’une pensée riante et optimiste, comme l’enfance. Ce qu’il y avait de curieux, c’était la durée de ces histoires et leur sorte de suite, car j’en reprenais le fil là où il avait été interrompu la veille. Peut-être ma mère, écoutant machinalement et comme malgré elle ces longues divagations, m’aidait-elle à son insu à m’y retrouver. Ma tante se souvient aussi de ces histoires, et s’égaye aussi de ce souvenir. Elle se rappelle m’avoir dit souvent : « Eh bien !

Aurore, est-ce que ton prince n’est pas encore sorti de la forêt ? Ta princesse aura-t-elle bientôt fini de mettre sa robe à queue et sa couronne