Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/514

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lui assurer dans le nord du Portugal. Mais tout était désormais remis en question, grâce à l’impuissance politique de Charles IV et au peu de loyauté de cette politique dirigée par le prince de la Paix. Nous allions nous engager dans cette formidable guerre contre la nation espagnole, qui nous arrivait comme par un décret de la fatalité, et qui devait inspirer spontanément à Napoléon la nécessité de s’emparer de toutes ces royales personnes au moment où, d’elles-mêmes, elles venaient implorer son appui. La reine d’Etrurie et ses enfans suivirent le vieux Charles IV, la reine Marie-Louise et le prince de la Paix, à Compiégne.

Lorsque je vis cette reine, elle était déjà sous la protection française. Etrange protection qui l’arrachait à l’amour traditionnel du peuple espagnol, consterné de voir partir ainsi tous les membres de la famille royale, au milieu d’une lutte décisive et terrible avec l’étranger. À Aranjuez, le 17 mars, le peuple, malgré sa haine pour Godoy, avait voulu retenir Charles IV. À Madrid, le 2 mai, il avait voulu retenir l’infant don François de Paule et la reine d’Etrurie. À Vittoria, le 16 avril, il avait voulu retenir Ferdinand. En toutes ces occasions, il avait essayé de dételer les chevaux et de garder malgré eux ces princes pusillanimes et insensés qui le méconnaissaient et le fuyaient par crainte les uns des autres. Mais, entraînés par la destinée, ils