Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/52

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Aurore de Kœnigsmark fut faite, sur ses vieux jours, bénéficiaire d’une abbaye protestante ; la même abbaye de Quedlimbourg dont la princesse Amélie de Prusse, sœur de Frédéric-le-Grand et amante du célèbre et malheureux baron de Trenk, fut abbesse aussi par la suite. La Kœnigsmark mourut dans cette abbaye et y fut enterrée. Il y a quelques années, les journaux allemands ont publié qu’on avait fait des fouilles dans les caveaux de l’abbaye de Quedlimbourg, et qu’on y avait trouvé les restes parfaitement embaumés et intacts de l’abbesse Aurore, vêtu avec un grand luxe, d’une robe de brocart couverte de pierreries et d’un manteau de velours rouge doublé de martre. Or, j’ai dans ma chambre, à la campagne, le portrait de la dame encore jeune et d’une beauté éclatante de ton. On voit même qu’elle s’était fardée pour poser devant le peintre. Elle est extrêmement brune, ce qui ne réalise point l’idée que nous nous faisons d’une beauté du Nord. Ses cheveux, noirs comme de l’encre, sont relevés en arrière par des agrafes de rubis,

    chemin dans les fréquentes promenades qu’il faisait à cheval. Effectivement, elle le rencontra un jour dans un sentier fort étroit ; elle descendit de carosse dès qu’elle l’aperçut : le roi la salua sans lui dire un seul mot, tourna la bride de son cheval et s’en retourna dans l’instant, de sorte que la comtesse de Kœnigsmark ne remporta de son voyage que la satisfaction de pouvoir croire que le roi de Suède ne redoutait qu’elle. »