Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/537

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Ce fut dans la première quinzaine de juillet que nous partîmes. Murat allait prendre possession du trône de Naples. Mon père avait un congé.

J’ignore s’il accompagna Murat jusqu’à la frontière et si nous voyageâmes avec lui. Je me souviens que nous étions en calèche, et je crois que nous suivions les équipages de Murat. Mais je n’ai aucun souvenir de mon père jusqu’à Bayonne.

Ce que je me rappelle le mieux, c’est l’état de souffrance, de soif, de dévorante chaleur et de fièvre où je fus tout le temps de ce voyage. Nous avancions très lentement à travers les colonnes de l’armée. Il me revient maintenant que mon père devait être avec nous, parce que, comme nous suivions un chemin assez étroit dans des montagnes, nous vîmes un énorme serpent qui le traversait presque en entier d’une ligne noire. Mon père fit arrêter, courut en avant et le coupa en deux avec son sabre. Ma mère avait voulu en vain le retenir, elle avait peur, selon son habitude.

Pourtant, une autre circonstance me fait penser qu’il n’était avec nous que par intervalles et qu’il rejoignait Murat de temps en temps.

Cette circonstance est assez frappante pour s’être gravée dans ma mémoire. Mais comme la fièvre me tenait encore dans un assoupissement presque continuel, ce souvenir est isolé de tout ce qui pourrait me faire préciser l’événement dont je fus