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DE GRIBOUILLE

Il le conduisit alors dans une grande cave qui était si pleine d’or, de diamants, de perles et de pierreries, qu’on marchait dessus, et encore y en avait-il plus de sept grands puits très profonds qui étaient remplis jusqu’aux bords.

Gribouille, pour obéir à ses parents, prit seulement de l’or, car il ne savait pas que les diamants sont encore plus précieux. On lui avait dit d’en prendre le plus possible, il en mit donc dans toutes ses poches, mais avec aussi peu de plaisir que si ce fussent des cailloux ; car il ne voyait pas à quoi tout cela lui pourrait servir.

Il remercia M. Bourdon avec plus d’honnêteté que de contentement, et s’en retourna, disant : « Cette fois, je ferai voir à mes parents que j’ai obéi, et peut-être qu’ils m’embrasseront. »

Comme il se trouvait fatigué de porter tant d’or et qu’il se trouvait à passer non loin du carrefour Bourdon, il se détourna un peu du chemin pour aller s’y reposer. Il mangea quelques glands du vieux chêne, qu’il connaissait pour meilleurs que ceux des autres chênes de la forêt, étant doux comme sucre et tendres comme beurre. Puis il but au ruisseau et se disposait à faire un somme, lorsqu’il vit ses trois frères et ses trois sœurs se jeter sur lui, le pincer, le mordre, l’égratigner, et lui enlever tout son trésor.

Gribouille défendait son or comme il pouvait, disant :