Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/153

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supplice ! puisses-tu te survivre à toi-même et conserver le désir du bien, après avoir perdu la foi !

Son voile noir était tombé sur ses épaules, et sa longue chevelure, déroulée par l’humidité de la nuit, flottait éparse sur sa poitrine agitée. La lune, en frappant sur le vitrage de la serre, semait sur elle de pâles clartés dont le reflet bleuâtre la faisait paraître plus belle et plus effrayante. Elle ressemblait à lady Macbeth évoquant dans ses malédictions et dans ses terreurs les esprits malfaisants de la nuit. Le cœur de Jacques se rouvrit à la pitié et à une sorte d’admiration pour ce principe d’amour et de grandeur qu’une vie funeste n’avait pu étouffer en elle ; une âme vulgaire ne pouvait pas souffrir ainsi.

— Julie, lui dit-il, en lui prenant le bras avec énergie, reviens donc à toi-même ; s’il ne faut pour cela que rencontrer un cœur ami, ne l’as-tu pas trouvé aujourd’hui ? N’étais-tu pas tout à l’heure affectueusement pressée dans les bras d’un être généreux, excellent entre tous ? Cette femme qui, en dépit des préjugés du monde, t’a nommée sa sœur et t’a promis de venir ici pour te consoler et te bénir, n’est-ce donc pas un secours que le ciel t’envoie ? n’est-ce donc pas un messager de consolation qui doit briser la pierre de ton cercueil ? Ta fierté