Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/168

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serviteurs du riche, victimes de ses caprices ou de ses habitudes, perdent de si longues heures entre un mauvais sommeil ou une oisiveté d’esprit plus mauvaise encore.

Jacques lui exprima ses regrets de l’avoir fait veiller.

— Pardi, Monsieur, dit le bonhomme avec un sourire moitié bienveillant, moitié goguenard, il le fallait bien, à moins de vous faire coucher à la belle étoile, ou à l’hôtel de S*** ! Rendez-moi ma clef ? Eh ! eh ! vous l’emportez par mégarde !

Jacques avait été mis, dans l’après-dînée, en possession de la chambre qu’il devait occuper désormais à l’hôtel de T***. Ce n’était pas son ancienne mansarde ; c’était un petit appartement beaucoup plus confortable, situé au second, mais ayant vue aussi sur le jardin. En examinant ce local, Jacques fut frappé du goût et de la grâce aimable avec lesquels il avait été décoré. Tout était simple ; mais, par un étrange hasard, il semblait que la personne chargée de ce soin eût deviné ses goûts, ses paisibles habitudes de travail, le choix des livres qui pouvaient le charmer, et jusqu’aux couleurs de teinture qu’il aimait. La pensée ne lui vint pourtant pas que madame de T*** eût daigné s’occuper elle-même de ces