Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/189

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son lit de mort, il a voulu, par un étrange caprice, me laisser dans le monde un rang auquel je ne songeais pas, et que j’ai eu la faiblesse d’accepter sans comprendre que ce serait là encore une fausse dignité, une puissance illusoire, une comédie de réhabilitation, un masque sur l’infamie de mon nom de fille. La famille du comte de S*** n’a pas voulu me disputer le legs considérable dont je jouis, et cette crainte du scandale est la marque de dédain la plus incisive qu’elle m’ait donnée. Je sais bien que, dans le temps où nous vivons, je pourrais braver ce dédain, me pousser par l’intrigue dans les salons, y réussir, y tourner la tête d’un lord excentrique ou d’un Français sceptique, faire encore un riche, peut-être un illustre mariage, qui sait ! aller à la cour citoyenne comme certaines filles publiques, bien autrement avilies que moi, s’y sont poussées et installées à force d’impudence ou d’habileté. Mais je n’ai pas la ressource d’être vile, et ce genre d’ambition m’est impossible. Mon orgueil est trop éclairé pour aller affronter des mépris qui me font souffrir par la seule pensée qu’ils existent au fond des cœurs, quelque part, chez des gens que je ne connais même pas. Je ne pourrais pas, je n’ai jamais pu m’entourer de ces femmes équivoques, qui ont fait justement comme