Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/200

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hier soir ! Mais, si vous ordonnez que je l’aime, Dieu fera ce miracle pour moi. Si mon salut est là, selon vous, je vous promets, je vous jure de ne point le chercher ailleurs.

— Oui, jurez-le-moi, Julie !

— Par quoi jurerai-je ? par le nom de ma sœur Alice ? Je n’en connais pas qui me soit plus sacré.

— Oui, jurez par mon nom de sœur, répondit madame de T*** en se levant pour se retirer et en lui serrant fortement la main. Jurez aussi par le nom de Félix, à la mémoire duquel vous devez d’aimer un homme qui respectera dans votre passé la trace de l’affection de mon frère.

Julie promit, et elles se quittèrent en faisant le projet de se revoir le lendemain. Alice rentra aussi calme en apparence qu’elle était sortie, et elle s’enferma chez elle. Au bout d’une heure, elle sonna sa femme de chambre.

— Laurette, dit-elle à cette jeune Allemande, je me sens très malade. Je suis comme prise de fièvre, et je ne comprends pas bien ce que je vois autour de moi. Écoute, ma fille, tu m’aimes, et tu sais que je ferais pour toi ce que tu vas faire pour moi-même. Tu es pieuse, jure-moi sur ta Bible protestante que si j’ai le délire, tu n’entendras rien, tu ne retiendras