Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/207

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au salon. Mais il y avait un reste de paralysie dans ses jambes, et il lui fut impossible de faire un pas. Elle pria Jacques d’aller lui chercher un livre dans la chambre de son fils, et l’enfant ayant suivi son précepteur, elle se fit reporter sur son fauteuil : elle ne voulait pas que ces deux êtres se doutassent de ce qu’elle avait souffert.

— Mon ami, dit-elle à Jacques lorsqu’il fut de retour, nous sommes encore seuls ce soir. Je ne rouvrirai ma porte que demain. Je veux utiliser celle soirée en la consacrant à ma belle-sœur, à laquelle j’avais donné, pour avant-hier, un rendez-vous dans son jardin. J’ai été forcée d’y manquer, et elle doit être inquiète de moi ; car elle a de l’affection pour moi, j’en suis certaine, et, moi, j’en ai pour elle, beaucoup… mais beaucoup ! Vous aviez raison, Jacques, condamner sans appel est odieux, juger sans connaître est absurde. Madame de S*** n’est une femme ordinaire en rien. Je serais heureuse de la voir maintenant ; mais je suis encore un peu faible pour marcher. Voulez-vous avoir l’obligeance d’aller chez elle, de vous informer si elle est seule, si elle est maîtresse de sa soirée, et, dans ce cas, de me l’amener ? Vous pouvez passer par les jardins. La petite porte est et sera désormais toujours ouverte.