Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/221

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doute… C’est pour une autre que tu dois saigner sans relâche. Oh ! qu’il serait doux de souffrir pour sauver ce qu’on aime !




I. — Souffrir pour sauver ce qu’on n’aime plus… oh ! c’est un martyre que les victimes des religions d’autrefois n’ont pas connu, et qu’elles n’auraient pas compris. Leur immolation avait un but, un résultat clair et vivifiant comme le soleil ; et moi je souffre dans la nuit lugubre, seul avec moi-même, auprès d’un être qui ne me comprend pas, ou qui peut-être me comprend trop. Pourquoi, mon Dieu, n’avez-vous pas fait notre cœur assez généreux ou assez soumis pour qu’il pût s’attacher avec passion aux objets de notre dévouement ? Vous avez fait le cœur de la mère inépuisable et sublime en ce genre ; et j’ai cru que je pourrais aimer une femme comme la mère aime son enfant, sans s’inquiéter de donner mille fois plus qu’elle ne reçoit ; sans chercher d’autre récompense que le bien qu’il doit retirer de son amour ?