Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/64

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reviens de mon village, et que j’en ai rapporté des poings qui, pour parler le langage du lieu où nous sommes, pourraient bien vous faire piquer une tête dans le parterre, si votre goût n’était pas de nous laisser tranquilles.

Puis, comme je le voyais hésiter, et qu’il me paraissait trop facile de me débarrasser de ce beau fils par la force, il me prit envie de le persifler par un mensonge.

— Sachez, d’ailleurs, lui dis-je, que madame est… ma femme, et tenez-vous pour averti.

— Votre femme ! répondit le dandy avec ironie, quoique cependant il ne fût pas certain de ne pas s’être grossièrement trompé.

— Votre femme !… Eh bien ! Monsieur, vous défendez peu courtoisement son honneur ; mais j’ai tort, et je mérite un peu votre mercuriale. Que madame me pardonne, ajouta-t-il en saluant ma prétendue femme, c’est une méprise qui n’a rien de volontaire.

— Je te remercie, bon Jacques, reprit-elle, aussitôt qu’il se fut éloigné, tu m’as rendu un grand service ; mais si tu veux que je te le dise, il y a dans ta manière de me défendre Quelque chose qui me blesse profondément. Tu n’aurais donc pas consenti à défendre le nom et la personne d’Isidora, dans la