Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Jacques, reprit-elle alors, voyant que je n’avais pas la force de rompre le silence, vous avez aimé Julie ! Julie n’a pas joué de rôle devant vous : vous n’aviez point parlé d’amour ensemble. Vous avez connu l’état présent de son âme, ses profonds ennuis et ses plus sérieuses préoccupations depuis qu’elle a renoncé au rêve d’être aimée. Mais elle vous eût trompé, si elle eût laissé la passion s’allumer en vous dans les circonstances pures et charmantes qui avaient présidé à votre rencontre. Le hasard d’une autre rencontre à la porte de l’Opéra l’a décidée à se faire connaître sous son autre aspect. Celui-là, c’est le passé, mais un passé qui n’est pas assez loin pour être oublié des hommes qui le connaissent…

— Ne vous accusez pas, Julie, vous me faites trop de mal !

— Que voulez-vous dire ?

— Je n’en sais rien, je souffre !

— Je vous comprends mieux que vous-même. C’est le moment de nous dire adieu, Jacques. Ne souffrez pas à cause de moi. Moi aussi, je souffre, et je dois souffrir plus longtemps que vous ; car, moi aussi je vous aimais, alors que je me sentais aimée, et les raisons qui me feront combattre désormais votre