Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/81

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vivez trop seule, vous vous dégoûtez de la vie.

Alice répondait, avec un sourire un peu forcé, qu’elle ne s’était jamais mieux portée, et qu’elle aimait trop la campagne pour s’y ennuyer un seul instant.

— Et votre fils, ce cher Félix, arrive-t-il bientôt ? dit un vieil oncle.

— Ce soir ou demain, j’espère, dit madame de T*** ; je l’ai devancé de quelques jours ; son précepteur me l’amène. Vous le trouverez grandi, embelli, et fort comme un petit paysan.

— J’espère pourtant que vous ne l’élevez point tout à fait à la Jean-Jacques ? reprit l’oncle. Êtes-vous contente de ce précepteur que vous lui avez trouvé là-bas.

— Fort contente, jusqu’à présent.

— C’est un ecclésiastique ? demanda la cousine.

— Non, c’est un homme fort instruit.

— Et où l’avez-vous déterré ?

— Tout près de moi, dans les environs de ma terre.

— Est-ce un jeune homme ? demanda le cousin, d’un air qui voulait être malin.

— C’est un jeune homme, répondit tranquillement Alice ; mais il a l’air plus grave que vous,