Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/83

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d’Alice ; enfin on entendit la voix de la noble tante s’élever sur un diapason assez aigre, et dire, sans pouvoir se contenir davantage :

— Eh quoi, ma nièce, vous ne dites rien ? vous n’êtes pas indignée ! je ne vous conçois pas ! votre excès de bienveillance vous nuira dans le monde, je vous en avertis.

— Je ne me vante d’aucune bienveillance pour la personne dont nous parlons, répondit madame de T*** ; je ne la connais pas. Mais je sais et je vois que mon frère l’a réellement épousée.

— Oui ! mais il est mort ; et elle ne nous est de rien, s’écria l’autre dame.

— Vous tranchez lestement le nœud du mariage, ma cousine, reprit Alice. Demandez à monsieur le notaire s’il fait aussi bon marché de la question civile que vous de la question religieuse.

— Les actes civils, le contrat, le testament, tout cela est en bonne forme, dit le notaire en se levant. J’ai fait connaître mon mandat et mes pouvoirs ; je me retire, s’il y a procès, ce que je regarde comme impossible…

— Non, non ! pas de procès ! répondit gravement le vieux oncle : ce serait un scandale ; et nous n’avons pas envie de proclamer cet étrange mariage,