Page:Sand - Isidora - Narcisse (Levy).djvu/282

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et le dévouement d’une notable partie de sa bourgeoisie démocratique. Là, comme partout, le paysan n’a point encore d’idées sur les choses générales, quoique, dans les détails qui intéressent sa vie morale et physique, il soit éminemment judicieux. L’ouvrier des manufactures ne semble point cultivé comme celui des grands centres de population. Sans doute, là comme ailleurs, il rêve et creuse son problème ; mais, là plus qu’ailleurs, il souffre et se tait. Le petit bourgeois, qui est tout près du peuple par son origine ; l’avocat, le curé de campagne, le médecin, le notaire, ceux enfin qui touchent à ce qu’il y a de plus fier et à ce qu’il y a de plus humble dans le monde, le mince propriétaire qui, vivant aux champs, sait cultiver son esprit dans de doux loisirs ; ces hommes-là, dans la Brenne comme dans la Vallée-Noire, sont portés, en grand nombre, à faire le bien.

DIGRESSION.

Je veux rappeler, en passant un fait digne de remarque. Dans la petite ville de La Châtre (5,000 âmes), il y a huit médecins ; ce qui atteste qu’ils ne font point fortune, et auraient grand besoin d’être largement payés. Eh bien, tous exercent la médecine quasi gratis, dans les campagnes. Quand on a voulu dernièrement organiser chez nous une association de charité (que, par malheur, l’administration a refusé d’autoriser), ces huit médecins se sont trouvés tout prêts à exercer leurs fonctions envers les pauvres pour l’amour de Dieu. Par ce détail, et par le nombre de souscriptions rapidement couvertes, par le zèle des commissaires à s’enquérir des besoins des misérables qui pullulent dans cette ville, à leur porter du linge, du travail ; à leur ouvrir des salles d’asile, des écoles, des secours à domicile, on peut juger de nos bons cœurs berrichons.