Page:Sand - Isidora - Narcisse (Levy).djvu/288

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quent encore que le sol ne donne pas au cheval qu’il nourrit le tempérament lymphatique qui se trouve dans une grande partie des chevaux de l’Europe. En un mot, les qualités du cheval de guerre, la sobriété, la vigueur, et les qualités brillantes du cheval arabe et du cheval anglais se retrouvent dans le fidèle compagnon du paysan de la Brenne. Nous pouvons dire avec certitude, par l’expérience acquise de plusieurs éleveurs, que les qualités du cheval de sang recevraient de nouveaux développements par la nature du sol de la Brenne…

« Continuellement soumis aux intempéries des saisons, le cheval du pays se nourrit d’une herbe produite par un sol ni trop gras, ni trop maigre, dont le sous-sol, presque imperméable, retient les eaux facilement et fait de la terre une prairie sans fin, produisant l’herbe abondante, mais qui ne contient pas les principes trop nutritifs des prairies grasses. »

Nous pouvons aisément vérifier par notre expérience, nous autres habitants de la Vallée-Noire, la vérité de cette dernière assertion. Les herbages si gras et si magnifiques de nos prairies conviennent aux ruminants plus qu’au cheval, et encore avons-nous à lutter chaque année, aux jeunes herbes, contre l’apoplexie de nos superbes bœufs de trait. Le foin substantiel de nos vallées ne produit que des chevaux lymphatiques et de courte haleine, quand nous ne corrigeons pas cette pâture par des soins particuliers. La race du terroir est mauvaise. Pour l’usage, nous nous sommes longtemps approvisionnés de ces excellents petits chevaux brandins, que nous avons eu le tort d’abandonner, croyant obtenir des merveilles du croisement brusque de nos chétives poulinières avec les étalons de sang envoyés par les haras. Ces produits ont été généralement monstrueux et détestables, tout à fait impropres à soutenir la fatigue de notre pays montueux