Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/180

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pitre adorablement sculptées, et les antiques tapisseries d’un prix et d’une rareté inestimables qui revêtent toute la partie supérieure du chœur.

Au pied de ce noble et puissant édifice, le village semble agenouiller ses humbles maisonnettes» et autour de ce village, autrefois habité par les ouvriers et les serviteurs de l…’abbaye, s’étendent à perte de vue, sur les ondulations de la montagne immense, d’immenses bois de pins d’une tristesse solennelle et majestueuse.

Je revis avec un serrement de cœur étrange ces grands bois déserts que j’avais traversés tant de fois pour aller à Bellevue. Ils avaient grandi et épaissi durant mon absence, mais ils s’ouvraient toujours aux fraîches et gracieuses clairières tapissées d’herbes fines, aux jolis chemins de sable qui se précipitent vers les mystérieux ruisseaux, ou qui gravissent des élévations douces d’où l’on découvre au loin les vallées profondes de l’Auvergne et du Vélay, avec leurs horizons tourmentés, inondés de lumière.

Ne voulant pas me montrer aux habitants de la Chaise-Dieu, je m’éloignai de la vue du clocher et continuai ma route vers l’orient. Je comptais gagner une diligence du côté d’Issoire. La nuit avait été glaciale : le climat de cette région élevée est un des plus rigoureux de la France. L’été n’y dure guère plus de deux