Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/182

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trouver mon chemin sans le secours de personne, et je me remis en route, tout en me disant que j’étais devenu un sauvage, puisque je reposais si bien à ciel ouvert sur la dure, tandis que les gros lits de plume et les épais rideaux de nos habitations auvergnates me donnaient le cauchemar.

Je m’engageai dans des sentiers que je jugeais devoir me ramener vers la Chaise-Dieu, mais où je m’égarai de plus en plus. Impossible de rencontrer une clairière, et, au bout d’une heure de marche sous l’ombrage des pins, je me trouvai sous celui des sapins de montagne, arbres très-différents, aussi frais et aussi plantureux que les pins sont ternes, sombres et décharnés. Comme j’avais toujours monté pour chercher un point de vue quelconque, je ne m’étonnai pas de me trouver dans la région où croissent ces beaux arbres, amis des nuages et des vents humides, et, comme le point de vue ne se faisait pas, je pensai être dans la direction de Saint-Germain-l’Ermite. Je me mis donc à redescendre, mais je rencontrai les bouleaux, et dès lors il n’y avait plus pour moi de doute possible. Je marchais droit sur la route d’Arlanc, c’est-à-dire sur Bellevue.

En effet, dix minutes plus tard, j’apercevais sous mes pieds la rampe tortueuse qui suit les ressauts de la montagne et s’enfonce dans les chaudes vallées de