Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/201

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gne, laissant le domestique envoyé à ma recherche m’appeler à son aise.

Quand je vis que l’on renonçait à me trouver, je remontai sur la route, et je laissai la voiture me devancer beaucoup. J’arrivai à Saint-Nectaire une heure après la famille Butler, et, entendant dire aux habitants que les Anglais avaient été voir les grottes à source incrustante, je continuai mon chemin pour aller me reposer dans une maisonnette de paysan hors du village. Bientôt après, suivant le chemin doux et uni qui passe à travers une double rangée de boursouflures volcaniques, sorte de via Appia bordée de petits cratères qu’à leur revêtement de gazon et à leurs croûtes de laves on prendrait pour d’antiques tumulus couronnés de constructions mystérieuses, je m’arrêtai à l’entrée du val de Diane, en face du château de Murol, ruine magnifique plantée sur un dyke formidable, au pied d’un pic qui, de temps immémorial, porte le nom significatif de Tartaret.

Puisque mes voyageurs avaient fait halte au dyke de la Verdière, ils ne pouvaient manquer de gravir celui de Murol. Je les vis arriver, et je les devançai encore pour aller me cacher dans les ruines. Je les trouvai envahies par un troupeau de chèvres qui broutaient les feuillages abondants dont elles sont revêtues. On les avait mises là depuis peu, car elles s’en