Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/223

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Puis elle lui demanda en anglais s’il n’avait pas les pieds mouillés, et, se levant, elle reprit avec lui sa promenade de la prairie.

Je les suivais et j’écoutais avidement tout ce qu’ils pouvaient se dire. J’entendais désormais parfaitement leur langue, et, comme je ne leur inspirais aucune méfiance, je pouvais et je m’imaginais devoir surprendre entre eux, à un moment donné, le mot de mon passé et celui de mon avenir ; mais je n’appris rien. Ils ne parlèrent que de botanique, et à ce propos ils mentionnèrent un certain classement, absurde selon Hope, ingénieux selon Love, que prétendait tenter M. Junius Black. J’avais oublié ce personnage, et son nom me frappa désagréablement, surtout parce que Love le défendait contre les dédains scientifiques de son frère. Ils en parlèrent comme de leur commensal accoutumé, mais sans que je pusse savoir où il était en ce moment et pourquoi il ne se trouvait pas avec eux. Je n’avais pas pensé à m’enquérir de lui à Bellevue. Peut-être y était-il resté, fixé aux précieuses collections comme un papillon à son épingle.

Pendant huit jours entiers, je suivis ainsi la famille Butler en promenade, toujours chargé comme un mulet et toujours attaché aux pas du jeune homme. J’échangeais pourtant chaque jour quelques mots avec Love, qui me plaisantait sur ce qu’elle appelait mon