Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/229

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Et, sans attendre la réponse, elle me demanda si j’avais connu le jeune comte de la Roche.

— Comment donc ne le connaîtrais-je pas, répondis-je, puisque je demeure à une lieue de chez lui ? Mais il y a longtemps qu’il est parti pour les pays étrangers.

— Où il s’est marié ?… reprit-elle vivement.

— Quant à cela, répliquai-je résolûment, on l’a dit, comme on a dit aussi qu’il était mort ; mais il paraît que l’un n’est pas plus vrai que l’autre.

— Comment ! s’écria-t-elle, qu’en savez-vous ? Vous n’en pouvez rien savoir. Est-ce qu’il a donné de ses nouvelles dernièrement ?

— La vieille gouvernante du château, qui est ma tante, en a reçu il n’y a pas plus de huit jours, et elle m’a dit : « On nous a fait des mensonges, notre maître n’a pas seulement pensé à se marier. »

— Mon père, s’écria Love en anglais et en se levant, entendez-vous ? On nous a trompés ! Il vit, et peut-être pense-t-il toujours à nous !

— Eh bien, ma fille, dit M. Butler un peu troublé, s’il vit, grâces en soient rendues à Dieu ; mais, s’il n’est pas marié,… qu’en voulez-vous conclure ?

— Rien,… répondit Love froidement, après une courte hésitation.