Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/245

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vie, tandis qu’elle approchait du fond du vallon, et que, du haut du chemin, je suivais tous ses mouvements. Tout à coup je la vis glisser sur l’herbe fine et mouillée du cône volcanique, se relever et s’arrêter, puis s’asseoir comme incapable de faire un pas de plus, François, qui ne l’avait pas quittée, mais qu’elle avait devancé, était déjà auprès d’elle. Hope et M. Butler, qui la regardaient aussi venir, s’élancèrent pour la rejoindre ; mais j’étais arrivé avant eux par des bonds fantastiques, au risque de me casser les deux jambes.

— Ce n’est rien, ce n’est rien, nous cria-t-elle en agitant son mouchoir et en s’efforçant de rire.

Elle ne s’était pas moins donné une entorse et souffrait horriblement, car, en voulant se forcer à marcher, elle devint pâle comme la mort et faillit s’évanouir. Je la pris dans mes bras sans consulter personne, et je la portai au ruisseau, où son père lui fit mettre le pied dans l’eau froide et courante. Il s’occupa ensuite avec Hope de déchirer les mouchoirs pour faire des ligatures, et, quand ce pauvre petit pied enflé fut pansé convenablement, je repris la blessée dans mes bras et je la portai à la voiture. C’était un étroit char à bancs du pays qui conduisait quelquefois nos voyageurs une partie de la journée par les petits chemins tracés dans les bois, et qui venait les retrouver ou les