Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Allons donc ! est-ce que vous savez porter ? me demanda Love avec un étonnement qui me fit l’effet d’une ironie atroce.

— Je croyais savoir ! lui répondis-je d’un ton de reproche.

— Vous savez porter les blessés sur vos bras, je ne peux pas en douter sans ingratitude ; mais porter en promenade, c’est autre chose, ce n’est pas l’affaire d’un quart d’heure, et c’est trop fatigant.

— Eh bien, je chercherai un homme plus fort, plus adroit et plus dévoué, répondis-je avec amertume.

— Vous voyez comme il est susceptible ! dit Love à son frère et à son père ; on ne peut pas lui parler comme à un autre guide.

— Il a de l’amour-propre, c’est son droit, répondit Hope toujours en anglais. C’est un guide excellent et un très-honnête homme, je vous en réponds.

— Vraiment ? je croyais que vous ne pouviez pas le souffrir, celui-là ?

— Pardon ! j’ai changé de sentiment. Il me convient tout à fait.

— Eh bien, qu’il porte ou ne porte pas, il viendra avec nous, dit M. Butler.

Et il me donna ses ordres pour le lendemain, en me laissant le soin de tout faire pour le mieux.

— Allez tout de suite, ajouta-t-il. Vous reviendrez