Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/285

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mademoiselle… Ma foi, je lâche le mot, j’ai toujours cru m’apercevoir que miss Love ne se consolait pas de votre absence, et, si vous partez encore, Dieu sait si elle ne négligera pas la science, si elle ne deviendra pas triste, malade ! Enfin, monsieur, vous ne partirez pas, et, fallût-il vous promettre,… tenez ! je ferai tout ce que vous voudrez, et, s’il vous faut ma parole, je vous la donne.

Ce bon mouvement de Junius fondit mon pauvre cœur froissé et trop longtemps solitaire. Je ne pus retenir mes larmes, et toute force m’abandonna.

J’attendrissais M. Black, mais je le dérangeais beaucoup, car il avait grande envie de regarder le pays autour de lui, et, tout en provoquant mes épanchements, il m’interrompait pour me parler géologie. Enfin, voulant avoir raison de ma douleur et de mon découragement, il s’assit près de moi sur le bord du chemin, et me fit les questions les plus candides sur le sentiment qui me dominait à ce point, et dont il ne se faisait aucune idée juste. Quand il crut me comprendre :

— Écoutez, me dit-il, je vois ce que c’est, vous l’avez aimée lorsqu’elle était encore une enfant. Vous qui étiez jeune homme fait, ayant déjà usé et peut-être un peu abusé de la vie, vous exigiez que cette jeune fille si fière et si simple eût pour vous une pas-